F - Les médias

Description générale

Les médias – c’est à dire l’ensemble des moyens de diffusion de l’information - peuvent jouer un rôle important dans la gouvernance du secteur de la sécurité et de la justice. Ils informent la population sur les décisions de l’exécutif et l’action des prestataires de services du secteur, et peuvent ainsi influer grandement sur la formation de l’opinion publique à leur endroit. Ils l’encouragent à participer à la prise de décision sur des questions clés liées à la sécurité publique, ou à contester les décisions prises par les autorités exécutives, législatives ou judiciaires. Ils lui permettent de le faire d’une manière informée en lui facilitant l’accès à l’information – lors des journaux télévisés, radiophoniques ou en ligne, mais aussi grâce aux dossiers détaillés sur certains aspects de l’activité du secteur ou sur son fonctionnement qu’ils peuvent publier (sur papier, sur les ondes ou sur internet) selon les pratiques du journalisme d’investigation. Les médias peuvent ainsi remplir également une fonction de surveillance par leurs enquêtes sur les cas d’abus et de mauvaise gestion ou de violations des droits humains par les institutions étatiques du secteur de la sécurité et de la justice. Cette contribution au contrôle démocratique des activités des autorités et des prestataires de service du secteur complète celles des institutions de contrôle spécialisées et des organisations de la société civile.  

Les médias ne peuvent toutefois remplir pleinement cette fonction que dans un contexte où ils peuvent opérer de manière libre et indépendante, et où les principes fondamentaux suivants sont respectés :

  • le droit des médias d’accéder gratuitement aux informations officielles, y compris celles relatives au secteur de la sécurité et de la justice ; aux informations relatives aux procédures législatives et judiciaires ; aux rapports des différentes commissions parlementaires ou autre.
  • le droit des médias de transmettre informations et opinions au public ; et le droit du public d’y accéder sans restriction sur les organes d’information qu’il utilise (médias publics ou privés, nationaux ou internationaux)
  • la protection des sources
  • la liberté d’expression et d’opinion, et l’interdiction de toute forme de censure
  • le droit des personnes morales et physiques de posséder et de gérer des médias
  • le droit du public et des médias privés d’opérer librement indépendamment du contrôle étatique
  • la transparence des critères et des procédures d’attribution des licences
  • la protection des journalistes contre l’intimidation et les violences physiques
    • la protection du pluralisme (contre le monopole dans les médias)

Qu’ils soient publics ou privés, les médias n’auront la crédibilité pour jouer ce rôle que dans la mesure où ils opèrent dans le respect de la déontologie de la profession et des valeurs fondamentales suivantes : 

  • le respect de la vérité et du droit que le public a de la connaître
  • la défense du principe de la liberté de rechercher et de publier honnêtement l'information, et du droit au commentaire équitable et à la critique loyale
  • l’impératif de ne rapporter que les faits dont le/la journaliste connaît l'origine, de ne pas supprimer les informations essentielles et de ne pas falsifier de documents
  • l’impératif de n'utiliser que des moyens équitables pour obtenir informations, photos et documents
  • l’impératif de rectifier toute information publiée et révélée inexacte et nuisible
    • l’impératif de garder le secret professionnel concernant la source des informations obtenues confidentiellement
    • l’impératif de prendre garde aux risques d'une discrimination propagée par les médias, et de faire son possible pour éviter de faciliter une telle discrimination, fondée notamment sur la race, le sexe, l’orientation sexuelle, la langue, la religion, les opinions politiques et autres et l'origine nationale ou sociale
  • l’impératif de ne pas commettre les fautes professionnelles graves suivantes:
    • le plagiat
    • la distorsion malveillante
    • la calomnie, la médisance, la diffamation, les accusations sans fondement
      • l'acceptation d'une quelconque gratification en raison de la publication d'une information ou de sa suppression

Outre le respect d’une éthique rigoureuse, les médias doivent également s’assurer que leur personnel ait les compétences techniques (journalistiques) et thématiques (connaissance et compréhension des missions des acteurs du secteur de la sécurité et de la justice, ainsi que des enjeux auxquels ils sont confrontés) nécessaires pour pouvoir jouer leur rôle dans la gouvernance du secteur de manière constructive, et effectuer leur travail de veille et de vérification de la conformité de l’action des acteurs du secteur aux principes de bonne gouvernance.

Un organe de presse qui ne dispose pas des ressources et de l’expertise nécessaires pour assurer le suivi des travaux du parlement et du secteur de la sécurité peut constituer aussi un obstacle à un contrôle efficace des budgets du secteur de la sécurité. Il est également important que les médias et leur personnel aient une bonne compréhension des informations qu’il est légitime de classifier aux fins de protection de la sécurité nationale et de celles qui ne devraient jamais l’être, comme par exemple, les violations graves des droits humains.

Du point de vue des autorités, un engagement constructif avec les médias peut renforcer leur propre légitimité et celle des prestataires de services de sécurité et de justice.

Comme nous venons de le constater chacun des acteurs précités a un rôle à jouer dans la gouvernance du secteur, y compris dans le domaine financier. Bien qu'il soit attendu des institutions de défense, de justice et de sécurité qu'elles gèrent leurs ressources selon les principes de bonne gestion des dépenses publiques et de transparence, l'expérience montre que les obstacles à surmonter sur ce plan sont nombreux. Les points suivants explorent les principes et outils de la gouvernance financière, avant d'analyser le rôle des différents acteurs impliqués dans le processus de programmation budgétaire, et d'introduire les principaux outils d'évaluation des systèmes de gouvernance des finances publiques.

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